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#1 - Insertion pro : la poursuite d'études comme opportunité de croissance des écoles 📈

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#1 - Insertion pro : la poursuite d'études comme opportunité de croissance des écoles 📈

Ce que les établissements d'enseignement supérieur pourraient gagner !

Mehdi Cornilliet
Jun 1, 2020
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#1 - Insertion pro : la poursuite d'études comme opportunité de croissance des écoles 📈

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Hello,

La pandémie de Covid-19 a ravivé les inquiétudes des étudiants de Grandes Écoles qui, jusqu’à présents, étaient exemptés des difficultés rencontrées par leurs pairs dans la mesure où les chiffres d’insertion étaient au beau fixe. Dans une France où le chômage des jeunes venait de passer sous la barre des 20% pour la première fois depuis 2009, les diplômés des Grandes Écoles jouissaient d’une situation bien meilleure, qui ne durera pas cette année.

⛔️ Une insertion plus difficile en temps de crise

La Conférence des Grandes Écoles réalise chaque année une enquête sur le devenir des diplômés des dernières promotions, avec des chiffres d’insertion en forte hausse au cours des 10 dernières années :

Mais le référentiel n’est pas anodin : 2009 correspondait à l’explosion de la bulle des subprimes, avec l’érosion considérable des salaires des jeunes diplômés, surtout dans le monde de la finance, à l’origine de cette crise. Les conditions d’insertion étant moins bonnes, les salaires proposés suivaient une pente descendante, avec des chutes de salaires généralisées, de l’ordre de -20%. 📉

Cependant, même si la baisse est généralisée, ceux diplômés du supérieur et notamment des Grandes Écoles sont plus résilients. Une équipe de professeurs de Stanford a publié un article de recherche sur les conséquences d’une diplomation en période de crise, avec des conséquences délétères qui ne se limitent pas qu’à la vie professionnelle :

Our first main finding is that high school graduates and dropouts suffered even stronger income losses than college graduates when entering the labor market during a recession. Second, we find that negative impacts on socioeconomic outcomes persist in the long run. In midlife, recession graduates earned less, while working more. And they were less likely to be married and more likely to be childless.

Ce retard à l’allumage pénalise les étudiants qui cessent leurs études dans les pires périodes. Celui qui ne désire pas être pénalisé par le mauvais tirage au Loto de l’année de diplômation prend les devants. Il devient donc primordial de continuer ses études, en se formant de manière complémentaire pour retarder sa diplomation, tout en acquérant des compétences plus bankables sur le marché du travail.

🎓 MSc, MS, MBA comme planche de salut ?

Le sujet intéresse les médias. Business Cool a évoqué le sujet, à travers le prisme des MSc. Challenges, quant à lui, élargit le sujet en évoquant également les MBA, dans un dossier sorti jeudi dernier dans les kiosques.

In fine, les crises profitent aux universités et aux Grandes Ecoles. Si l’emploi était aisé d’accès dans les périodes d’embellie économique, les changements de paradigme économique entraînent un flight-to-quality propice aux Grandes Ecoles, qui voient aujourd’hui des chiffres records d’inscription sur leurs PGE via les concours AST (hors prépas). Il s’agit d’une constante en période de récession depuis les années 1970, illustrant la nature contra-cyclique des diplômes délivrés par les institutions du supérieur.

Mais le paysage éducatif a bien changé. Si l’offre en 2009 se limitait aux acteurs physiques, 2020 est différent, et l’enseignement devient online avec des acteurs qui ne supportent pas les mêmes contraintes dans leur chaîne de création de valeur, et qui échappent aux standards imposés par les organismes accréditeurs.

👩‍💻 Un manque d’agilité comblé par les EdTechs 🤸

Les diplômes “anti-crises” tels que les MBA, les MS et les MSc posent problème en 2020. Fort logiquement, ils n’ont pas été conçus pédagogiquement pour le distanciel, les rendant difficiles à suivre en période de pandémie. Ces cursus requièrent aussi une complétion sur une année entière (voire plus), et tous ne peuvent se permettre de sacrifier au moins 12 mois de revenu, au moment où le remboursement des prêts étudiants débute.

Face aux sacrifices nécessaires pour obtenir ces diplômes, de nombreux autres types de formations ont pullulé. On peut reprendre le schéma de 2U, qui scinde les offres de l’enseignement supérieur en formation initiale et continue de la sorte :

Dans la mesure où la crise est sanitaire, et le choc d’une ampleur jamais égalée mais d’une temporalité potentiellement limitée, il est tout à fait possible qu’une embellie économique survienne très rapidement. Il s’agit du fameux scénario de reprise en V, pricé par les marchés financiers. Le NASDAQ-100 qui regroupe les 100 plus grosses entreprises tech cotées au NASDAQ (Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet, Facebook, etc.) se situe non loin de son sommet historique, en hausse de 9,42% depuis le 1er janvier, après avoir déjà gagné 37,96% en 2019.

La reprise en V, en U ou en toute autre lettre suscitant le débat au sein des communautés d’investisseurs, profitera avant tout aux entreprises du secteur technologique. Toutes les écoles et universités l’affirment à l’unisson : la crise du coronavirus leur a fait gagner plusieurs années de digitalisation des cursus, notamment au sein du corps professoral, parfois constitué d’éléments conservateurs, adeptes des techniques d’enseignement du passé.

Cette nouvelle donne existe dans l’ensemble des entreprises, PME et ETI comprises, qui ont transformé leur manière de travailler. Dans cet avenir du monde du travail, la compétence et la maîtrise du digital par tous devient primaire, et ceux qui ont les compétences pour bâtir de tels produits seront les vendeurs de pioche de la ruée vers l’or prochaine décennie.

Dans cette hypothèse, jamais les formats courts tels que les certificats ou encore les bootcamps auront été aussi utiles. Et les Grandes Ecoles en sont pour la grande majorité absente. D’autres types d’acteurs s’engouffrent dans le marché. Pôle Emploi préfère même confier l’argent de l’Etat à des pure players (plutôt qu’à des universités ou à des Grandes Ecoles) quand il s’agit de former et de donner de nouvelles compétences.

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Mehdi Cornilliet @MCornilliet
Il n'est pas possible que les Grandes Ecoles ne puissent saisir ces aubaines de #formationcontinue ! Ce sera dans les prochaines années une question de vie ou de mort pour de nombreuses écoles, qui ont le meilleur contenu, mais pas l'outil pour le diffuser. Cela changera.
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3:05 PM ∙ Apr 23, 2020
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Étant diplômé de la majeure Entrepreneurs X-HEC, je m’intéresse aux projets des 100 étudiants néo-entrepreneurs. Force est de constater que l’enseignement en ligne et la formation continue constituent la nouvelle mode de 2020, tout comme en 2016, n’importe qui rêvait de monter sa box sur abonnement. Parmi les étudiants du MSc X-HEC, pas moins de trois bootcamps se sont créés au cours des tous derniers mois :

  • Anomia, qui vise à optimiser les performances commerciales des avocats ;

  • DataBird, qui forme au métier de data analyst pour les diplômés d’écoles de commerce ;

  • Noé, afin de se préparer au Product Management.

Ces petites structures très agiles ont très vite adapté leurs cours afin de faire de l’enseignement en ligne. Digitales et tech par essence, elles affichent toutes complet, et refusent la majorité des candidats. Le tout, avec un budget d’acquisition nul, fondé sur l’inbound marketing. Le bootcamp constitue un réel vivier de croissance du marché edtech, et ces étudiants visent tout à fait juste.

A l’instar de DataBird ou de Noé, la majorité des offres du marché permet aux étudiants d’acquérir des hard skills. C’est ce qui intéresse les employeurs à la recherche des meilleures pépites. Désormais, les soft skills font partie des acquis de tous dans la mesure où il s’agissait du poncif le plus éculé par les écoles entre 2013 et 2018 (grosso modo).

En tant que recruteur, dans la décennie qui vient, j’attends de mes futures recrues une excellence opérationnelle qui repose bien plus que le fait d’être compétent dans la maîtrise des outils digitaux, dans la capacité à continuer d’apprendre et d’analyser des marchés et à proposer des solutions pertinentes que le simple fait de disposer de soft skills du type travailler en équipe et être à l’écoute des autres, qui ne sont pas suffisantes.

🕵️‍♂️ Quelles pistes pour les Grandes Ecoles ?

La plupart des Grandes Écoles signent des partenariats avec des acteurs du secteur (Le Wagon travaille avec de nombreuses écoles dont HEC, l’IESEG, etc.) et se privent ainsi d’une source de croissance importante dans les années à venir.

Pourquoi ne pas occuper des campus vides l’été par des bootcamps d’entrepreneuriat ? L’étudiant pourrait se former et suivre des cours digitaux toute l’année à sa guise à travers une plateforme d’enseignement asynchrone et venir sur des campus vides en juillet et août créer sa vraie entreprise.

Au-delà des coûts, compris en général entre 1500 et 10 000€ en France, jusqu’à 15 000$ aux États-Unis, les Grandes Écoles pourraient même imaginer un modèle de prise de participation pour suivre les projets sur la durée. Un autre type d’association à la carrière des étudiants est l’ISA (Income Share Agreement), où l’école prélève une partie du salaire de ses anciens étudiants si celui-ci dépasse un certain seuil. Une belle manière d’aligner aussi bien que faire se peut les intérêts de chacun. Des nouvelles écoles se financent de la sorte, à l’instar de Holberton School (cofondé par le français Sylvain Kalache) et Lambda School, créée il y a moins de trois ans. Cette dernière a déjà levé près de 50 millions de dollars.

Online Coding Bootcamp Cost Comparison

L’agilité sera reine dans les semaines à venir. Les Grandes Ecoles qui joueront offensif et qui mettront les moyens dans la création de nouveaux formats rafleront le marché et seront très puissantes dans le marché de la formation continue (qui représente 15 milliards d’euros par an en France pour les acteurs privés).

A contrario, celles qui se complaisent dans le fait de ne pas avoir perdu leur business durant la pandémie, qui se félicitent que leurs professeurs aient réussi à faire des cours en ligne en allumant leur webcam, en partageant leur fenêtre Zoom ou Microsoft Teams à leurs étudiants (ce que n’importe quel enfant de 10 ans sait faire) et ne changent rien à moyen-terme finiront dans les limbes du capitalisme, victime de la destruction créatrice qu’elles enseignent à leurs propres étudiants.

En guise d’illustration de la croissance rendue possible par l’enseignement en ligne asynchrone, les programmes online d’HEC Paris, qui ont fait l’objet d’investissements à hauteur de plusieurs millions d’euros commencent à payer comme l’indiquent les comptes de l’école :

Et aux États-Unis, le marché pèse d’ores et déjà plusieurs milliards de dollars, comme le montre le document produit par HolonIQ :

Contrairement aux pure-players, les Grandes Écoles et universités doivent supporter le poids d’une recherche, qui représente aujourd’hui une forte charge dans leurs comptes, qui ne bénéficie réellement à l’insertion des étudiants que par son pouvoir de marque.

Si HEC bénéficie d’un fort pouvoir de marque historique, reposant sur son expertise et sa recherche, les marques 42 et Le Wagon sont bien plus puissantes que la plupart des écoles hors top 10 du fait de leur pédagogie.

Ces autres Grandes Ecoles devront imaginer des formats rendant la recherche enfin utile aux étudiants et aux entreprises car non, tout le monde ne valorisera pas sa recherche en revendant une filiale à 200M$ comme l’a fait l’EDHEC.

Récemment, le CPF a été mis en service. Il permet à chaque salarié d’être crédité de 500€ par an à dépenser sur des plateformes de formation, dont de nombreuses solutions en ligne. Très peu de Grandes Ecoles ont profité de l’aubaine. De même, le FNE (Fonds National de l’Emploi), dispositif renforcé temporairement pour les chômeurs partiels, qui permet désormais une prise en charge à 100% par l’Etat de 1500€ prestations en formation continue, n’a que très peu bénéficié aux Grandes Ecoles, dont les rares qui s’y sont aventurées ont mis plusieurs semaines à se positionner...

Et si c’était le moment idoine pour créer ce fameux Netflix de la formation continue ? Cela tombe bien, je travaille dessus ! Si cela vous intéresse en tant qu’école ou client, échangeons et écrivez-moi sur mehdi [@] 2empower.com ! 😀

Les débats sont ouverts dans les commentaires.

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📰 A lire ou écouter pour approfondir 🎧

Many college grads from the Great Recession are still trying to catch up (CNN Business)

A bad time to graduate (Institute for Fiscal Studies - UK)

Recession Graduates: The Long-lasting Effects of an Unlucky Draw (Stanford Institute for Economic Policy Research)

Mapping “The Future of Work” Startup & Investor ecosystem (Pinver - Medium)

Online Coding Bootcamps: Cost Comparison (Course Report)

Why Online Education Should Come With An Online Price (Bloomberg, podcast)

Crypto, ISAs, and VC with Jesse Walden (Village Global VC, podcast)

French Coding Bootcamp Le Wagon Closes $19 Million Round (EdSurge)

E Learning Climbing to $325 Billion By 2025 (Forbes)


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Mehdi

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