#42 - L'enseignement primaire et secondaire français, nouveau jouet des investisseurs ? (DECK complet)
Wendel a décidé de s'emparer de la moitié du capital de Globeducate, un groupe européen leader sur le segment du K12 qui réalise 440 millions de CA pour 120 millions d'EBITDA.
Dans l’univers de l’éducation en France, ces dernières années ont été marquées par l’attrait pour des actifs profitant de deux réformes ayant fortement profité à des acteurs du privé :
la réforme de l’apprentissage de 2018 avec la loi pour la liberté de choisir son avenir ;
la réforme de la formation professionnelle avec la conversion des heures de formations en euros en 2019.
L’enseignement supérieur comme seul marché très rentable en France ?
Les entreprises actives sur le marché de l’enseignement supérieur et sur celui de la formation professionnelle se sont très fortement développées, attirant les fonds d’investissement. Une frénésie de deals s’en est suivie :
Se sont ainsi formées d’incroyables fortunes telles que compilées par Challenges en 2023 (la mise à jour de ces chiffres interviendra le 19 juillet) :
Marc Sellam (IONIS), 316e fortune française, 410 millions d’euros (aucun changement par rapport à 2022)
Kevin Guenegan (AD Education), 345e fortune française, 380 millions d’euros (+ 60 millions)
Philippe Grassaud (Eduservices), 409e fortune française, 310 millions d’euros (nouvel entrant)
Amin Khiari (Groupe EDH), 441e fortune française, 280 millions d’euros (nouvel entrant)
Grégory Declercq et Pierre Juhen (Finoli - ont revendu Eurêka Education, ont créé School of Arts), 466e fortune française, 250 millions d’euros (- 70 millions)
Lionel Desage et Guillaume Franc (Ynov), 489e fortune française, 240 millions d’euros (+ 20 millions)
A ces noms s’ajoutent d’autres qui ne possèdent pas le FMIC (Fortune Minimale d’Insertion dans le Classement) mais qui ne sont pas à plaindre non plus : Marc-François Mignot-Mahon de Galileo Global Education, Franck Papazian de Mediaschool, Olivier de Lagarde du Collège de Paris, Anthony Brice du Groupe 39, Thierry Debarnot de Quest Education, Roger Serre et ses multiples associations et entreprises dont le Groupe IGS, etc.
La Revue ETF (Education, Tech & Finance) est sponsorisée par NextEdu, le cabinet de conseil 100% dédié au secteur de l’enseignement supérieur que j’ai le plaisir de cofonder avec Hugo Foyer (qui rédige également L’Antisèche). Ayant été régulièrement sollicité cette dernière année pour de multiples missions menées sans véritable structure pour aller plus loin, j’ai décidé de créer un véritable partenaire capable de mobiliser des équipes performantes pour répondre à des enjeux de clients sur lesquels j’évolue depuis 2015.
Nous pouvons vous épauler dans différentes problématiques (stratégie, marketing, perspectives et études de marché, ouverture sociale, etc.) :
Le K12, parent pauvre du marché français
En France, le marché du K12 (niveaux inférieurs à l’enseignement supérieur) est particulier : il associe l’excellence aux établissements souvent liés à l’enseignement catholique (Stanislas, Ginette, etc.), par définition not for profit.
Quant aux groupes français qui ont fait le pari du K12 à l’étranger, le résultat n’est pas au rendez-vous. Le groupe Odyssey Education, cofondé par Luc Chatel ayant recruté Catherine Lespine (ancienne dirigeante du groupe INSEEC) cumule les déboires comme l’illustrait Challenges en février 2023 :
Le marché frémissait avec l’annonce au printemps dernier de la vente de l’école des Roches et ses 47 320€ de frais de scolarité annuels par le leader dubaïote GEMS Education, qui en avait réalisé l’achat en 2014.
A l’époque, j’avais écrit que l’un des acquéreurs naturels pourrait être Inspired, le groupe d’éducation fondé par Nadim Nsouli, diplômé de l’INSEAD. L’ancien propriétaire d’Ace Education (AMOS, CMH et ESDAC) sur lequel son exit en 2021 lui a permis de réaliser un multiple de 4,8 et un taux de rendement interne de 49%.
Le groupe Inspired créé en 2013 par le rachat de 4 écoles en Afrique du Sud a levé… un milliard d’euros en mai 2022 pour se renforcer. En 2020-2021, le groupe réalisait 528 millions d’euros de chiffre d’affaires, 161 millions d’euros d’EBITDA et 40 millions de résultat avant IS !
Ces performances sont communes à de nombreux groupes similaires. Si aucune infographie n’existe sur les principaux groupes de K12 internationaux, le rapport de la banque d’affaires de LEK positionne les actifs du secteur parmi ceux à surveiller en 2024 :
Et autant dire qu’ils ont eu le nez creux sur le logo que vous voyez en haut à droite !
Wendel rachète la moitié de Globeducate aux côtés de Providence Equity Partners
Ce 1er juillet 2024, la société d’investissement familiale Wendel a annoncé un de ses plus gros investissements : racheter la moitié du capital de Globeducate, un des plus gros groupes internationaux d’écoles privées.
Déjà présent dans le domaine des services d’évaluation de conformité et de certification (Bureaux Veritas), de la formation en gestion de crise (Crisis Prevention Institute), du conseil en transformation digitale (Scalian), de revêtements de sols (Tarkett) ou de spécialité (Stahl) ou encore d’infrastructures télécoms (IHS).
La transaction, qui devrait être finalisée au second trimestre de cette année, se fera pour une valeur d’entreprise d’environ 1,86 milliard d’euros. Wendel prévoit d’investir 625 millions d’euros en fonds propres.
Wendel mettrait donc la main sur un groupe créé en 1972 qui affiche :
65 écoles bilingues et internationales de premier ordre
6 000 salariés dont 4 000 enseignants
40 000 élèves
21 acquisitions depuis l’arrivée de Providence en 2017
440 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 120 millions d’EBITDA ajusté sur les 12 mois arrêtés à fin août 2025.
Dans son appel aux investisseurs, Laurent Mignon (CEO Wendel) signale que sa décision d’investissement était motivée par le caractère mondial du groupe mais surtout par la “prédictibilité d’un business où nous savons exactement ce qu’il se passera l’an prochain et au cours des années à venir” tout en étant “protégé des conditions macro-économiques” (autour de la 14e minute).
Il est important de noter qu’il ne s’agit que de secondaire, à savoir que Providence vend ses actions. Globeducate ne fera pas l’objet d’investissement primaire dans le cadre de cette opération.
Le deck complet :
Transaction :
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