đ Les flops de 2023, l'annĂ©e oĂč l'IA a chamboulĂ© le secteur EdTech đ
AprĂšs avoir dressĂ© un bilan macro de l'annĂ©e 2023, place Ă celui micro, oĂč j'analyse plus en dĂ©tails qui s'en sort et qui coule dans cette pĂ©riode trĂšs particuliĂšre.
En 2023, je nâai vraiment utilisĂ© Ă fond quâun seul produit EdTech : Duolingo. Naviguant entre des leçons de portugais, dâitalien, dâespagnol ou encore de suĂ©dois, le produit est le seul Ă mâavoir rĂ©ellement accrochĂ© sur la durĂ©e. Et pour cause, sa stratĂ©gie dâacquisition et de rĂ©tention des utilisateurs a une vraie longueur dâavance sur ses pairs.
Et paf ! En ce dĂ©but 2024, Duolingo annonce se sĂ©parer dâune importante partie de ses rĂ©dacteurs et traducteurs en faveur de lâintelligence artificielle, elle qui avait annoncĂ© dĂšs 2023 travailler de concert avec OpenAI et sa technologie GPT4. Cela faisait lâobjet dâun article publiĂ© en mars dernier :
#37 - GPT-4 : les usages EdTech les plus incroyables de ce dĂ©but d'annĂ©e đ€
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A coup sĂ»r, 2024 sâaffichera dans la continuitĂ© de 2023 et lâIA continuera de dominer les dĂ©bats⊠et de contribuer au creusement des Ă©carts entre ceux qui savent sâen saisir et ceux qui la subissent :
Cette image peut probablement ĂȘtre le reflet de lâannĂ©e 2023.
A lâheure oĂč lâĂ©cosystĂšme EdTech fait face Ă une pĂ©nurie dâaccĂšs au financement, seuls ceux qui proposent un modĂšle diffĂ©rent rĂ©ellement crĂ©ateur de valeur sâen sortent. A lâinverse, ceux qui avaient profitĂ© de la pĂ©riode dâargent facile de lâĂšre rĂ©volue des taux bas souffrent fortement.
En guise dâillustration, le cours de Bourse de Duolingo a triplĂ© en 2023 tandis que 2U marquĂ© par dâincroyables erreurs stratĂ©giques a Ă©tĂ© divisĂ© par 6 et vaut dĂ©sormais moins de 100 millions de dollars⊠filant tout droit vers la bankruptcy.
Je vais aujourdâhui mâintĂ©resser Ă ces grands flops de lâannĂ©e, avant de distinguer ceux qui naviguent trĂšs bien dans ce contexte. Pour ces derniers, aprĂšs avoir fini la rĂ©daction de la premiĂšre partie (plus de 2 500 motsâŠ) jâai dĂ©cidĂ© de sĂ©parer ce bilan micro en deux parties. Abonnez-vous donc pour recevoir les tops de 2023 !
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Une absence de liquidité pour les investisseurs qui ne présage rien de bon
AprĂšs la trĂšs forte croissance des niveaux dâinvestissement dans le secteur entre 2018 et 2021, 2023 pouvait ĂȘtre une belle annĂ©e de M&A capable de gĂ©nĂ©rer des liquiditĂ©s Ă rĂ©injecter dans la prochaine vague de startup.
Il nâen a rien Ă©tĂ©, les exits ont Ă©tĂ© famĂ©liques :
Pire encore, elles ont souvent Ă©tĂ© le fait dâopĂ©rations de retrait du marchĂ© comme pour le norvĂ©gien Kahoot! rachetĂ© pour 1,7 milliard de dollars par General Atlantic et Goldman Sachs AM notamment, de lâĂ©diteur Simon & Schuster (une EdTech ?) repris pour 1,6 milliard par KKR ou encore du brĂ©silien Arco Educaçao sorti du marchĂ© pour 1,5 milliard de dollars.
Les donnĂ©es de Dealroom incluent Ă©galement des sorties non-rĂ©alisĂ©es : celle dâILearningEngines par le SPAC Arrowroot Acquisition Corp devrait ĂȘtre approuvĂ©e mi-fĂ©vrier tandis que Wyatt Company sâavĂšre davantage ĂȘtre une solution dâanalyse pour labotatoires quâune EdTech, toutes deux Ă©tant valorisĂ©es 1,4 milliard de dollars.
En ne conservant quâune dĂ©finition plus restreinte, les principales sorties sont celles dĂ©finies par le (trĂšs qualitatif) rapport de Brighteye :
On peut Ă©galement noter dâautres rachats (probablement sur des valorisations faibles) tels que le rachat de Coding Dojo par Perdoceo et lâacquisition de Blinkist par Go1.
Le rapport de Brighteye nous apprend Ă©galement lâimportance dâavoir un bon business model, en sâadressant Ă un marchĂ© capable de payer pour un produit ou un service :
Il nâest guĂšre Ă©tonnant de constater que le marchĂ© du Corporate Learning continue de relativement bien se porter (il suffisait de regarder les stands au dernier salon Learning Technologies pour le constater) tandis que les autres marchĂ©s Ă©prouvent plus de difficultĂ©s, Ă lâimage du K12, dĂ©pendant de la commande publique.
De maniĂšre peu Ă©tonnante, les acteurs qui sâen sortent le moins bien sont Ă lâimage du changement dans la rĂ©partition des acteurs soutenus par les fonds de Venture Capital.
Entre folie des grandeurs (ByJuâs), nouveau SPAC foireux (EdTechX), rachat dâedX qui mĂšne Ă une probable banqueroute (2U) ou encore introduction Ă la Bourse de Paris qui dĂ©raille complĂštement⊠2023 a rĂ©servĂ© son lot dâĂ©checs pour de nombreux acteurs. Tour dâhorizon.
ByJuâs, la descente aux enfers qui ne finit pas : de 52 milliards Ă 25 millions de valorisation
CâĂ©tait il y a 14 mois : malgrĂ© ses difficultĂ©s de financement, la startup la plus valorisĂ©e du pays qui allait finir par enflammer les marchĂ©s boursiers en 2023 (đźđł) Ă©tait affichĂ©e dans tous les stades au Qatar en tant que sponsor de la Coupe de Monde de football 2022 :
En janvier de cette mĂȘme annĂ©e, ByJuâs annonçait effectivement en grande pompe son introduction en Bourse pour une valorisation de 40 Ă 52 milliards de dollars Ă travers un des SPAC de Michael Klein (MSD Acquisition Corp), tout affirmant la volontĂ© de lever 4 milliards pour lâoccasion. A titre de comparaison, 40 milliards de dollars, câĂ©tait peu ou prou 27 fois la valeur dâentreprise de TF1âŠ
Cela aurait Ă©tĂ© lâoccasion rĂȘvĂ©e pour de nombreux investisseurs de rĂ©aliser un multiple rĂȘvĂ©, au vu du nombre colossal de levĂ©es de fonds menĂ©es par lâentreprise depuis ses dĂ©buts :
Cet argent a été investi de maniÚre trÚs agressive par le champion indien de la filiÚre pour racheter de nombreuses entreprises du secteur sur des valorisations souvent généreuses. Plus de la moitié des sommes levées y a été consacrée :
Dans le mĂȘme temps, les comptes se sont dĂ©gradĂ©s Ă une vitesse folle depuis 2019, tandis que les auditeurs ont rechignĂ© de nombreux mois Ă valider les comptes 2022 qui affichent finalement un CA de 5 299 âč crore (soit 52,9 milliards de roupies, un peu moins de 600 millions dâeuros) et des pertes de 8 245 âč crore (environ 930 millions dâeuros). En 2022, Osmo et WhiteHat Jr seraient responsables de 45% des pertes totales du groupe. Autant dire que ByJuâs nâa pas eu le nez creux.
Comme on pouvait sây attendre, les sommes levĂ©es ne permettent plus de faire face aux besoins de trĂ©sorerie. Un groupe rĂ©unissant de nombreux investisseurs a dĂ©cidĂ© de prendre les devants et dâenfin rĂ©clamer le dĂ©part du fondateur Byju Raveendran, qui se dĂ©fend de toute mauvaise gestion en rĂ©affirmant son engagement total, lui qui a empruntĂ© pas moins de 1,1 milliard de dollars pour soutenir Ă bout de bras sa startup au cours des 18 derniers mois.
HĂ©las, la situation ne fait quâempirer et lâentreprise nâa pas eu dâautre choix que de tenter une levĂ©e de la derniĂšre chance Ă des conditions cataclysmiques pour les investisseurs existants : 200 millions de dollars pour une valorisation post-money comprise entre⊠220 et 225 millions de dollars, ce qui valorise les parts actuelles Ă seulement 20 - 25 millions.
ByJuâs to the moon. đ
EdTechX et son (nouveau) SPAC foireux
Lâavantage de la totale indĂ©pendance Ă©ditoriale, câest de pouvoir affirmer quand des acteurs du marchĂ© frisent avec la limite sans avoir peur des consĂ©quences que cela pourrait avoir.
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